La quatrième dimension
La quatrième dimension
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Je poursuis mes lectures en service de presse avec La quatrième dimension, roman de l'écrivaine chilienne Nona Fernández, publié en langue espagnole en 2016 et traduit en français par Anne Plantagenet pour une publication cette année par Stock.
Le résumé m'avait attiré :
« Son visage en couverture d'un de ces magazines, et la photo barrée d'un titre en lettres blanches : j'ai torturé. »
Le 27 août 1984, Andrés Antonio Valenzuela Morales, agent du renseignement des Forces Armées Chiliennes livre à une journaliste des aveux glaçants sur l'enlèvement, la torture et l'assassinat de milliers de personnes disparues. Son témoignage marque profondément Nona Fernández, alors âgée de treize ans. Des années plus tard, au moment où le Chili prône la réconciliation nationale et le droit à l'oubli, elle décide d'écrire son histoire.
Pourquoi écrire sur vous ? Pourquoi ressusciter une histoire vieille de plus de quarante ans ? Pourquoi parler encore de couteaux, de grils électriques et de rats ? De disparitions forcées de personnes ? D'un homme qui a participé à tout ça et qui, à un moment, a décidé qu'il n'en pouvait plus ? Comment décide-t-on qu'on n'en peut plus ? Quelle est la limite pour prendre cette décision ? Existe-t-il une limite ? Avons-nous tous la même ? Comment aurais-je réagi, moi, si à dix-huit ans, comme vous, j'avais fait mon service militaire obligatoire et si mon supérieur m'avait ordonné de surveiller un groupe de prisonniers politiques ? Aurais-je obéi ? Me serais-je enfuie ? Aurais-je compris que ce serait le début de la fin ? Qu'aurait fait mon conjoint ? Et mon père ? Que ferait mon fils dans cette situation ?
Je ne veux pas que mes enfants sachent ce que j'ai été, dit-il. Je vais retourner à mon travail et payer pour ce que j'ai fait. Je me fiche s'ils me tuent.