Arthur et Paul, la déchirure
Arthur et Paul, la déchirure
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J'ai eu la possibilité de lire ce roman grâce à la plateforme de service de presse NetGalley.fr. Ce livre est l'une des nombreuses sorties de la rentrée littéraire, et le résumé m'avait donné envie de le lire :
“ Les deux Français se battaient. On avait l'impression qu'ils voulaient donner à cette joute une forme de grand final et qu'ils cherchaient à mourir ensemble. Rimbaud est rentré chez nous surgissant de la foudre. Verlaine gisait, livide et glacé, le regard au vague, dans un chemin envahi de ronciers. Des liasses manuscrites débordaient de sa besace tels les restes d'un pauvre destin. Il balbutiait des mots dénués de sens. Un voile épais de flocons descendait du ciel et le rideau tombait sur ce désastre sans retour, sur une poésie qui portait en elle un peu d'immortalité. L'histoire de ces poètes semble s'achever ici, comme une oeuvre qui se referme pour se déployer, un jour peut-être, dans la mémoire des hommes. “
Ce roman a pour toile de fond la guerre de 1870 et la Commune. Rimbaud et Verlaine, ivres d'absinthe et de liberté, vivent leur épopée sulfureuse entre Paris, Bruxelles, Londres, Stuttgart, avec pour principal témoin un pasteur luthérien allemand. D'autres figures croisent leur destin, Hugo, Baudelaire, Marx, Napoléon III, Louise Michel, Henry Dunant et un juge belge viscéralement homophobe. Paul cherche l'apaisement dans l'illumination religieuse, Arthur s'étourdit dans son errance marginale, et l'aventure passionnelle se termine au coeur du Wurtemberg où Rimbaud confie à Verlaine ses derniers poèmes, comme un ultime legs à la littérature.
Vous êtes trop jeune pour avoir participé aux combats de 1870, vous ignorez heureusement l'horreur des carnages. Moi qui suis aujourd'hui un homme usé par l'expérience des conflits, je peux vous l'affirmer, nul ne survit à la guerre. Pas même les vainqueurs.
L'effronté, à peine sorti de l'adolescence, croise mon regard, et je l'esquive. Bien que gêné par son insistance incongrue, je demeure imperturbable. Je ne suis pas homme à laisser paraître la moindre de mes émotions. Mes pensées profondes, mes questionnements, mes rêves ou mes doutes éventuels ne regardent personne. Je tiens à donner l'image d'un être pur et rigoureux chez lequel aucun ferment obscur, aucun sombre dessein ne pourrait se nicher.
Il deviendra poète, s'opposera à la bêtise et rendra le monde, pas nécessairement plus beau, mais plus intense.