Comment je suis devenu stupide
Comment je suis devenu stupide
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J'avais beaucoup aimé le livre [b:Manuel d'écriture et de survie 22068459 Manuel d'écriture et de survie Martin Page https://images.gr-assets.com/books/1399834608s/22068459.jpg 41401346] de [a:Martin Page 31766 Martin Page https://images.gr-assets.com/authors/1369589747p2/31766.jpg] lorsque je l'avais vu il y a peu de temps, cela m'avait donné envie de découvrir les autres oeuvres de cet auteur qui me semblait intéressant à suivre. J'ai poursuivi ma découverte de sa bibliographie avec son premier succès, un roman intitulé Comment je suis devenu stupide dont le résumé est assez étonnant :Comment survivre dans le monde cruel du capitalisme triomphant quand on est, comme Antoine, un jeune homme lucide et moral ?Martin Page traite une qualité reconnue, l'intelligence, comme un défaut. Selon L'Ecclésiaste, « qui accroît sa science, accroît sa douleur ». Son héros, Antoine, jeune étudiant surdoué, est persuadé que son esprit insatiable est à l'origine de son mal de vivre ; s'il est intelligent, il n'arrive pas à vivre avec intelligence. Après quelques tentatives thérapeutiques radicales, il entreprend de se guérir de cette maladie d'intelligence. Avec application, il cherchera la méthode pour s'offrir une vie enfin un peu douce. Un premier roman drôlement intelligent.Le résumé donne le ton du roman, avec un parti pris qui mêle humour et réflexion de fond sur notre société et la place qu'y occupe l'intelligence. Cela commence très fort, avec l'introduction du personnage d'Antoine. C'est très vite drôle et en même temps intelligent dans les thèmes abordés et dans la façon de le faire.Sur la durée, c'est peut-être un peu plus difficile. J'ai adoré les deux premiers tiers du roman, mais j'ai un peu lâché sur la fin. Je ne sais pas si c'est le récit lui-même qui s'essouffle ou si c'est le ton qui m'a un peu lassé à force.Je garde tout de même un bon souvenir de cette lecture, qui est un premier roman réussi et qui mérite le succès qu'il a eu à sa sortie. Je retiens également quelques passages très bien sentis :Il n'avait que trop souvent constaté que l'intelligence est le mot qui désigne des sottises bien construites et joliment prononcées, qu'elle est si dévoyée que l'on a souvent plus avantage à être bête qu'intellectuel assermenté. L'intelligence rend malheureux, solitaire, pauvre, quand le déguisement de l'intelligence offre une immortalité de papier journal et l'admiration de ceux qui croient en ce qu'ils lisent.Mais aussi :Il avait peu d'amis, car il souffrait de cette sorte d'asocialité qui vient de trop de tolérance et de compréhension. Ses goûts sans exclusive, disparates, le bannissaient des groupes qui se forment sur des dégoûts. S'il se méfiait de l'anatomie haineuse des foules, c'est surtout sa curiosité et sa passion ignorant les frontières et les clans qui en faisaient un apatride dans son propre pays. Dans un monde où l'opinion publique est enfermée dans la réponse à des sondages entre oui, non et sans opinion, Antoine ne voulait cocher aucune case. Être pour ou contre était pour lui une insupportable limitation de questions complexes. En plus de cela, il possédait une douce timidité à laquelle il tenait comme à un vestige enfantin. Il lui semblait qu'un être humain était si vaste et si riche qu'il n'y avait pas plus grande vanité en ce monde que d'être trop sûr de soi face aux autres, face à l'inconnu et aux incertitudes que représentait chacun.Et enfin :S'il avait reçu de nombreuses et profondes blessures, ça n'avait en rien durci son caractère ; il gardait intacte son extrême sensibilité, qui, comme une phénixienne chair de soie, renaissait plus pure que jamais à chaque fois qu'elle était abîmée et meurtrie.