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J'ai eu l'opportunité de découvrir La puissance des illusions grâce à l'éditeur Librinova et la plateforme NetGalley. Il s'agit du premier roman de Valérie Paparemborde et son résumé m'avait séduit :
« Jusqu'où peut-on aller trop loin ? Ce thriller psychologique dans l'Allemagne de la république de Weimar et le Paris des Années folles raconte les destins croisés d'un couple confronté à la montée du nazisme et de médecins aveuglés par leurs ambitions au moment où se propage la pratique de l'eugénisme et de l'hygiène raciale. Lorsque Lotte Sandberg rencontre l'athlète français Thomas Lagache dans un cabaret berlinois, ils vont vivre une passion immédiate et tumultueuse, tiraillée entre aspirations personnelles et idéaux politiques, qui bouleversera leurs certitudes et leurs vies. Quels secrets cache le docteur Rathenald derrière les murs de la Victors Haus ? Les deux enfants, Jason et Hans, pris au piège de la lutte entre partisans et opposants à l'hygiène raciale, en sont très certainement la clé. Leurs parcours nous entraînent des années vingt jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale et illustrent la puissance des illusions qui peut à tout moment faire basculer un destin. »
Je suis embêté au moment de parler de ce roman. Certains aspects m'ont franchement déplu tandis que d'autres m'ont au contraire donné envie de poursuivre ma lecture.
Ma première impression a été franchement mauvaise : j'ai trouvé le style pauvre, le texte bourré de clichés et d'expressions vues et revues. J'ai notamment été marqué par cet extrait qui m'a déplu dès les premières pages du roman et qui représente tout ce que je n'aime pas dans la littérature :
« Ses longs cheveux tombent jusqu'aux reins, d'un blond vénitien qu'elle entretient avec des bains de camomille. [...]
Un visage qui impressionne par la détermination du regard, d'une indéfinissable couleur, tantôt verveine, tantôt émeraude. Ses yeux semblent vous pénétrer sans vous voir vraiment. Une présence intense doublée d'un détachement surprenant à tout ce qui l'entoure. »
J'ai également été gêné voire choqué par le détournement de l'Histoire avec cet athlète allemand entraîné par Thomas qui devient champion olympique devant Jesse Owens, l'auteur citant tout de même l'athlète américain et rappellant même l'épisode voyant Hitler et Goebbels quitter La Tribune officielle pour ne pas serrer la main d'un noir. Même si à la fin du livre l'auteur précise que son roman est une fiction, cet arrangement avec la vérité historique m'a semblé maladroit si ce n'est malvenu sur un sujet si sensible.
Dans un autre registre, moins pardonnable généralement à mes yeux, des coquilles et même des erreurs de noms dans le texte : l'athlète entraîné par Thomas s'appelle Franz puis Frantz quelques pages plus loin. Quant aux époux Goebbels, ils sont renommés par erreur Goering lors d'un dîner avant de retrouver leur véritable patronyme.
L'histoire d'amour entre Lotte et Thomas ne m'a pas intéressé. Le personnage de Lotte m'a même carrément déplu et son évolution m'a semblé peu crédible. Thomas est un peu plus intéressant, même si j'ai eu du mal à croire que le régime nazi ait laissé un franco-allemand connu pour son engagent communiste entraîner un athlète allemand favori des épreuves d'athlétisme pour les jeux olympiques de Berlin.
L'histoire autour des expériences du docteur Rathenald m'a plus intéressé, parce qu'elle permet d'aborder les questions passionnantes de l'inné et de l'acquis, de l'hérédité, de l'éducation, de l'eugénisme et des théories raciales. C'est d'ailleurs cette partie du récit et cette thématique qui donnent pour moi tout leur intérêt au roman et qui m'a donné envie d'aller au bout. J'ai même été pris dans le récit, malgré le style et les éléments gênants dont je viens longuement de parler.
C'est tout le paradoxe de ce premier roman : une intrigue prometteuse, une thématique intéressante, mais un récit pas toujours bien exécuté, des personnages publiables voire agaçants, et surtout un style, des maladresses et des erreurs qui gâchent en partie le plaisir de la lecture. Au moment du bilan, je dois dire que je suis faible : j'ai plutôt apprécié cette lecture malgré ses défauts souvent impardonnables à mes yeux.