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J'ai découvert Robert Harris il y a plusieurs années en lisant son roman Fatherland, que j'ai d'ailleurs relu il y a tout juste un an. Il s'agissait alors d'une uchronie, un polar ayant pour cadre la ville de Berlin dans des années 1960 fictives, au sein d'une Europe dominée par l'Allemagne nazie qui aurait remporté la Seconde Guerre Mondiale.
Il semble que la période nazie intéresse beaucoup Robert Harris car Munich, paru en 2018, a pour cadre la négociation des fameux accords de Munich en 1938, quand le Grande-Bretagne et la France ont abandonné leur allié tchécoslovaque et ont cédé face à l'Allemagne d'Hitler pour éviter la guerre.
Le roman suit alternativement les deux délégations auxquelles l'auteur s'intéresse particulièrement : celle de l'Allemagne nazie qui reçoit à Munich, et celle de la Grande-Bretagne conduite par le premier ministre Neville Chamberlain. Les délégations de la France et de l'Italie sont bien présentes mais ne jouent qu'un rôle secondaire dans le récit proposé par Robert Harris.
Au sein de ces deux délégations, nous suivons particulièrement deux jeunes diplomates : le britannique Hugh Legat et l'allemand Paul Harmann, qui ont étudié ensemble à Oxford mais ne se sont plus vus depuis six ans. Hugh est l'étoile montante de la diplomatie britannique mais traverse une période difficile dans son couple. Quand à Paul, s'il travaille pour le Ministère des Affaires Etrangères allemand, il appartient clandestinement à un petit groupe de diplomates et de militaires qui désapprouvent la politique du régime nazi et veulent renverser Hitler.
Le roman se déroule sur quatre jours, fin septembre 1938 au moment de la crise tchécoslovaque. Hitler menace d'envahir la Tchécoslovaquie pour récupérer les territoires des Sudètes, dont la population est majoritairement de langue allemande. Les britanniques, civils comme militaires, craignent une guerre qu'ils ne sont pas certains de gagner, et le Premier Ministre Neville Chamberlain veut jouer l'apaisement, au moins pour retarder l'échéance.
C'est dans ce contexte que le récit de Robert Harris nous plonge. Le roman est bien construit et prenant. Il nous emmène dans les coulisses d'une négociation internationale tristement fameuse, puisqu'elle signait le renoncement des démocraties occidentales à faire respecter les traités et le droit international face à l'Allemagne nazie.
Malgré tout, le propos de l'auteur m'a semblé plus nuancé, j'ai même senti une tentative de réhabiliter la figure de Neville Chamberlain, présenté non pas comme un pacifiste absolu mais comme un pragmatique qui voulait éviter la guerre immédiate pour permettre à la Grande-Bretagne de se préparer au mieux pour un conflit malgré tout inévitable.
Par contre, les deux personnages principaux que l'auteur nous propose de suivre tout au long du roman ne m'ont pas vraiment captivé. Leur passé commun à Oxford n'est qu'à peine effleuré et m'a semblé n'être qu'un simple prétexte pour les besoins du récit. Leurs personnalités respectives sont assez transparentes et j'ai eu du mal à me passionner pour leurs aventures à Munich.
Finalement, j'ai pris un certain plaisir à lire ce roman, plus pour l'aspect historique, sa description des enjeux et des négociations, que pour les deux protagonistes. Un bon roman historique, assurément, qui m'a donné de poursuivre ma découverte de l'oeuvre de Robert Harris.