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In his first book, leading political commentator Aaron Bastani conjures a new politics: a vision of a world of unimaginable hope, highlighting how we might move to energy abundance, feed a world of 9 billion, overcome work, transcend the limits of biology and build meaningful freedom for everyone. Rather than a final destination, such a society heralds the beginning of history.—Publisher
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Fully Automated Luxury Communism est un essai du journaliste anglais Aaron Bastani, dans lequel il expose sa vision d'un futur technologique libéré du capitalisme.
Dans un premier temps, l'auteur fait le constat de l'échec patent du capitalisme à tenir sa promesse d'une prospérité perpétuelle et à faire face aux enjeux du XXIe siècle, aux premiers rangs desquels figure la crise écologique : changement climatique mais aussi épuisement des ressources non renouvelables, et leurs conséquences sociales et migratoires. Il estime également que nous sommes actuellement au cœur d'une révolution technologique de grande ampleur, dont l'impact sera similaire à deux révolutions majeures dans notre histoire : l'apparition de l'agriculture et la sédentarisation de l'humanité lors de la révolution néolithique ; l'exploitation de nouvelles sources d'énergie (la vapeur, le charbon puis l'électricité) et l'industrialisation de la production lors de la révolution industrielle au XVIIIe et XIXe siècle.
Partant de ce constat, il dessine ensuite un futur possible où cette révolution technologique aura permis de répondre aux enjeux du XXIe siècle. Il propose ainsi des scénarios basés sur les “nouvelles technologies” pour cinq thématiques principales : le travail, l'énergie, les ressources, la santé, et l'alimentation. Pour chacun des thèmes, il s'appuie sur des technologies existantes ou émergentes en extrapolant leur potentiel : réduction des coûts, amélioration des performances, démocratisation. Ce dernier aspect, la démocratisation, est importante dans le propos d'Aaron Bastani : contrairement à de nombreux ouvrages de prospective technologique, il aborde cette révolution sous l'angle politique autant que technologique. Pour lui, il ne suffit pas que la technologie résolve un problème pour quelques uns (les plus fortunés) mais qu'elle contribue au bien-être de tous.
L'aspect politique est d'ailleurs au cœur de la troisième et dernière partie du livre, où l'auteur présente les moyens qu'il propose pour aboutir à la vision présentée dans la deuxième partie. Si la deuxième partie peut être vue comme la description d'une utopie technologique (en tout cas du point de vue de l'auteur), la troisième est l'ébauche d'un chemin pour y parvenir. Il s'agit avant tout de remettre en cause les principes du capitalisme et du néolibéralisme et de proposer des alternatives concrètes.
Il y a quelques années, quand j'avais une approche purement positive, voire positiviste, de la technologie, j'aurais certainement été totalement emballé par cet essai. Désormais, après avoir été sensibilité aux arguments technocritiques, je suis un peu plus mesuré. Le propos d'Aaron Bastani est très technosolutionniste, je n'ai pas été totalement convaincu par l'approche et par certains arguments, je le trouve notamment trop optimiste sur les usages de la technologie. L'ouvrage est toutefois très intéressant présente l'avantage d'imaginer un futur alternatif plus ou moins désirable où la technologie pourrait être mise au service de tous.
Un point sur lequel l'auteur revient à plusieurs reprises est sa conviction que Karl Marx a eu, en quelque sorte, raison trop tôt : la société communiste qu'il avait imaginé ne pouvait pas advenir sans la révolution technologique que nous sommes en train de vivre. Dans les conditions historiques et technologiques dans lesquelles il s'est réalisé, le “communisme réel” du XXe siècle ne pouvait qu'‘échouer. Désormais, la révolution technologique permet d'imaginer une société de l'abondance : comme dirait l'autre, “les conditions objectives sont réunies”. Je serais presque tenté d'y croire. Est-ce illusoire ou prémonitoire ?